Gouverner la communauté

(texte de Francesca Ferrando, image d'Alessandro Parodi)

Pioggiola est aujourd'hui une commune de 91 habitants située dans la circonscription départementale de la Haute Corse dans le sud-est de la Balagne. Historiquement, le village faisait partie de la Pieve di Giussani avec Olmi Cappella, Vallica et Mausoleo. Au Moyen Âge, les églises paroissiales jouaient un rôle crucial en tant que circonscriptions administratives et fiscales sur lesquelles reposait le gouvernement du territoire. Au cours de l'ère moderne, cependant, ils ont perdu de leur importance au profit des communautés individuelles, qui ont été chargées de gérer le territoire, de nommer leurs propres administrateurs et de distribuer les impôts.

Le gouvernement communautaire à la fin du 18e siècle

L'assemblée des chefs de famille élisait les fonctions publiques les plus importantes. Outre le podestà, personnage de premier plan qui avait pour tâche de représenter la communauté, de présider les réunions et de juger les délits mineurs, deux Pères du Commun étaient désignés pour l'assister dans les activités quotidiennes.
Comme le montre l'analyse du Manuscrit des délibérations (1787-1797), le passage à la domination française n'a pas modifié de manière significative les structures de gouvernance de la communauté, qui a conservé la nomenclature génoise jusqu'à la période révolutionnaire. À partir de 1790, les fonctions de podestà et de père du Commun sont remplacées respectivement par celles de préfet et de municipal (municipale) ou notable, tandis que le terme de maire commence à être utilisé, en alternance avec celui de préfet, à partir de 1792.
En plus de ces administrateurs, un caissier et deux gardiens salariés étaient périodiquement nommés pour surveiller les pâturages, les récoltes et les arbres fruitiers plantés sur les terres de la communauté.
Les élections avaient lieu pendant les réunions de l'assemblée des chefs de famille, à l’intérieur de l'Oratoire de San Pancraziu, en face de l'église paroissiale de Santa Maria Assunta. Chaque participant inscrivait son vote sur un bulletin et la déposait dans une urne à l'une des extrémités de l'oratoire. Lorsque tout le monde avait voté, les voix étaient comptées par deux secrétaires de séance (deputati) et par le greffier.
Celui-ci devait rédiger les procè-verbaux et les actes officiels mais, contrairement aux autres autorités officielles, il n'était pas élu par la communauté. Le manuscrit des délibérations ne contient aucune indication sur la manière dont les greffiers ont été choisis, ni sur leurs salaires, mais signale seulement leurs noms. Entre 1787 et 1797, on peut identifier dix greffiers qui ont exercé leurs fonctions pendant des périodes très différentes. Si certains d'entre eux n'apparaissent qu'une seule fois, d'autres noms sont mentionnés plus fréquemment, comme le notaire Bonaventura Colombani et son fils Gerolamo.
Les questions abordées lors des réunions de l'assemblée des chefs de famille concernaient principalement la gestion des terres communes. En plus de la mise aux enchères annuelle pour l'attribution des terres, les chefs de famille décidaient de l’entretien des routes et de la distribution des taxes foncières.

 

Oratorio di San Pancrazio

(Illustration par Alessandro Parodi) 

Dernière mise à jour 2 novembre 2022